La soirée commençait si bien...

La musique était si forte qu'elle le dérangeait presque, mais il se laissait faire, noyé dans le son sortant des enceintes presque aussi grandes que lui. Il buvait les notes avec avidité, en transe, dansant à en perdre la tête.

Sur sa paupière, il y avait de la peinture UV, rose, qui brillait aux lumières de la boîte de nuit, et le reste était cerclé de noir. Lui, il se déhanchait, au rythme de la musique. Il ne savait plus trop où il était, ce qu'il faisait. Tout était dissous, vague. Il sentait un corps se presser contre le sien, et il se colla d'avantage, ondulant ses hanches dans un mouvement presque obscène. Il ne se souciait plus de rien.

Il portait un t-shirt au col haut, sans manche, et coupé juste au niveau de son sternum, et, comme le reste de sa tenue, en cuir noir. Son pantalon, taille basse, était retenu par une ceinture à clous qui brillait de mille feux, laissant voir son tatouage à la hanche. Autrefois, il l'aurait caché, mais, de nos jours, c'était une marque de pouvoir. Et, ainsi, personne ne venait l'embêter.

Le pantalon était lacé sur les côtés, et moulait tout son corps, jusqu'à ses bottes à sangles dont les plateformes exagéraient encore plus sa taille. Ses doigts fins étaient pris dans ses cheveux noirs de jais, et son oeil arraché était caché par un bandeau noir avec une croix au milieu.

La musique se calma un peu, et Ayden se sépara de son partenaire de danse, le remerciant d'une caresse sauvage sur la joue. Ses ongles noirs reflétèrent une seconde la lumière. Il sortit de la piste de danse, soufflant un peu, pour se diriger vers le bar. Il n'eut même pas besoin de dire ce qu'il voulait que le barman lui tendit un shot d'une couleur vert étrange.

Le jeune homme l'avala d'un coup, sans plus réfléchir d'avantage. Ce soir là, il avait envie de se lâcher. Plus qu'envie, il avait besoin de perdre le contrôle. Il essuya la sueur qui perlait de son front et se tourna, prêt à retourner danser, sentant sa tête tourner pendant que l'alcool descendait dans ses veines.

Une odeur familière lui chatouilla les narines, mais il était incapble de dire où il avait déjà senti ce parfum, ni à qui il appartenait. Il ne faisait plus attention à rien. Il était dans un état second. Peut-être était-ce dû aux quelques médicaments qu'il avait ingéré en plus de l'alcool. Ou alors, c'était juste qu'il ne se souciait plus de rien.

Un corps se colla au sien, et embrassa sa clavicule. Il fronça les sourcils. C'était plus de contact qu'il ne pouvait le supporter. Il se détacha de la personne qui l'approchait, et la détailla pour la première fois.

- Qu'est-ce que tu crois faire, là ?

Il avait saisit le poignet de la jeune femme, et son oeil flamboyait, quand, soudain, quelque chose s'éclaircit dans son esprit embrumé. Ce visage... Il avait déjà vu ce visage. Il se concentra d'avantage, imaginant d'autres couleurs de cheveux, d'autres vêtements... Jusqu'à trouver.

Et la première chose qui lui passa par la tête, ce fut :

- Qu'est-ce qui est arrivé à tes cheveux ?

Ce qui n'était pas vraiment la question la plus pertinente, ni, d'ailleurs, la question dont il voulait le plus une réponse. Il n'était tout simplement pas prêt à voir Aya devant lui. Pas après toutes ces années. Il avait pensé qu'elle était morte - en un sens, il avait même espéré qu'elle était morte. La voir devant lui, ça lui rappelait trop de choses. Et surtout, cette culpabilité mordante et dévorante.

Il voulait se détourner, il voulait fuir, mais il en était incapable. Sa main tenait toujours le poignet d'Aya. Il était comme figé, incapable du moindre mouvement.

Ayden reprit finalement son souffle. Sans lâcher le poignet d'Aya, il fila, tel une flèche, à travers la foule, pour se diriger vers la sortie. Il salua de loin de videur, puis traversa la rue, jusqu'à ce que la musique vibrante du club devienne diffuse. Il inspira profondément et la regarda droit dans les yeux. Puis ce qu'elle avait dit avant qu'ils ne quittent la boîte bondée lui monta au cerveau, et son coeur se glaça. Il lâcha finalement son poignet avec violence, et fit quelques pas en arrière, sur ses gardes.

- J'aurais préféré que tu sois morte, cracha-t-il avec du venin dans la voix.

Tout se passait merveilleusement bien pour lui ces derniers temps et il n'avait pas besoin que quelqu'un vienne tout gâcher et foutre le souk dans ses sentiments comme avant. Il avait été faible, mais c'était fini. Il ne se sentait pas capable d'endurer à nouveau tout ce qu'il avait enduré. Cette punition infâme. Il frissonna à ce souvenir.

- Aya. Il ne faut pas que tu restes ici. Cette ville est dangereuse, mauvaise. Je ne veux pas... Il ne faut pas que tu restes ici.

Et voilà, c'était fini. Il avait prit un moment pour plonger dans ses yeux bleus et c'était fini. Elle l'avait capturé à nouveau. Cinq ans de séparation et des mois de torture n'avait pas réussi à faire disparaître le tourbillon qu'elle avait provoqué en lui. Car si quelqu'un était capable de faire changer Ayden, de le ramener dans le bon côté des choses, c'était Aya.

Mais il se serait bien gardé de le lui dire.

Tout à coup, quelque chose frappa le jeune homme. Il se sentit stupide de ne pas avoir réalisé avant. Pourtant, il avait porté le poids de la culpabilité pendant longtemps - pendant bien trop longtemps.

- Aya, tu... Il la regardait avec de grands yeux écarquillés. Tu marches ! Comment...

Il se tut. Il ne savait pas quoi dire. Il réalisa qu'il n'avait pas répondu à la première question d'Aya.

- Je n'ai rien fait à mes cheveux. Ils ont changé de couleur tout seuls.

Au fil des années, il avait remarqué de plus en plus de mèches noires dans ses cheveux blonds. Peu à peu, ils étaient passés d'un blond très clair à un noir corbeau. C'était étrange, mais pas déplaisant. Quand il se regardait dans le miroir, il n'avait plus l'impression d'y voir quelqu'un d'autre, comme autrefois. Un personnage oublié aux tréfonds de sa mémoire. Il se voyait lui, à présent.

Et ce n'était pas déplaisant, comme sensation.

Ayden eut un mouvement de panique. Il repoussa Aya violemment, puis se détourna d'elle.

- Il n'y a rien à briser ici. Va-t-en.

Il serra son poing. Il avait besoin d'air.

- Tu ne comprends pas. Ils sont plus fort que toi.

Il se mordit la lèvre avec violence. Il fallait vraiment qu'il apprenne à se taire. La longue cicatrice effilée qui traversait son dos se voyait, comme son t-shirt était coupé au niveau de son sternum. Elle brillait, blanche, au clair de Lune. Mais Ayden l'avait oubliée. Il avait aussi oublié qu'il était dos à Aya. Il n'aimait pas montrer ses cicatrices, et pourtant, ce soir-là, il n'avait pas réfléchis.

Il mordilla son piercing à la lèvre inférieure pour se calmer.

- Il faut que tu t'en ailles. Il n'y a rien pour toi ici.

Il n'avait pas envie de rester. Il voulait rentrer. Il se sentait mal. Peut-être que c'était le mélange alcool - drogues qui faisait ça. Il n'aurait peut-être pas dû boire autant. Il était vulnérable.

Il resta un moment, incapable de réagir, son cœur battant si fort dans sa poitrine qu'il cru qu'il allait exploser. Il avait oublié ce que c'était, de se retrouver face à Aya. Il avait aussi oublié l'effet qu'elle avait sur lui. Il reprit sa respiration. Il se sentait nauséeux. Il ne put se retenir plus longtemps, et pencha, plié en deux, pour vomir sur le trottoir.

Quand il eut reprit ses esprits, Aya n'était plus là. Un instant de panique s'empara de lui. Elle était partie. Il était à la fois soulagé et triste. Soulagé, car la revoir remontait des sensations qu'il n'était pas sûr d'apprécier. Triste, car malgré tout, elle lui avait manqué.

La violence de ses paroles le heurta tout à coup comme un coup de poing à l'estomac, et il se raidit de nouveau, sentant ses boyaux se tordre, bien qu'ils soient désormais vides.

Une impulsion soudaine le lança à la poursuite de la jeune femme. Une réalisation s'était faite dans son esprit. Il avait besoin d'elle. Tant qu'elle n'avait pas été là, il avait réussit à occulter tout ça. Mais depuis qu'il l'avait vue, plus tôt, dans le club, il s'était rendu compte de la réalité. Il avait besoin que quelqu'un le sauve. Et ce quelqu'un, c'était forcément Aya.

Il déglutit. Même si toute son âme criait pour la rédemption, il ne ferait rien lui-même. Il ne pensait pas la mériter. Et ce qui lui arrivait, c'était une punition bien juste.

Ayden aperçu enfin les courbes gracieuses d'Aya. S'approchant en silence, il enserra la jeune femme, se collant contre son dos pour qu'elle ne puisse voir son visage, ses mains croisées sur son ventre.

- Je suis désolé, murmura-t-il simplement.

Un sursaut traversa son corps. Il se retint juste à temps. Il ne fallait pas qu'il pleure. Il n'en avait pas le droit.

Il y avait tellement plus qu'il voulait dire que "désolé". De plus, ces mots englobaient tellement de choses. Il était désolé de ce qu'il lui avait fait, ce soir ou elle était tombée. Il était désolé de ce qu'il avait fait à Su. Il se haïssait pour ce qui était arrivé à la ville. Et tout le reste de sa vie.

Mais jamais il ne serait capable de dire tout ça. Il se contentait de serrer contre lui le corps d'Aya, cherchant un peu de réconfort dans son odeur familière. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne décide de le tuer, et il voulait garder l'illusion encore quelques instants.

Toutes les barrières qu'il s'était mis en place s'effondrèrent pendant un court instant, et des larmes chaudes coulèrent sur ses joues pâles, en silence. Il s'en voulait tellement. Il était rongé par la culpabilité. Toute ces années n'avaient rien fait pour l'arranger. Même la souffrance physique ne suffisait pas à le faire se sentir mieux.

Il lâcha la jeune femme. Il avait remarqué l'arme dans sa main. Lentement, il passa devant elle, effleurant de ses doigts doux ceux d'Aya qui enserraient le flingues, et la regarda droit dans les yeux, la trace de ses larmes toujours visible sur ses joues.

- Aya. dit-il d'une voix grave et légèrement éraillée.

Il ferma ses paupières quelques secondes, avant de lever le canon de l'arme, toujours dans la main d'Aya, jusqu'à ce que le métal froid soit en contact avec son front.

- Aya, répéta-t-il, Tue-moi.

Il inspira profondément.

- Si tu me tues, tout sera fini. Les citoyens seront enfin libres. Et je... J'arrêterais de faire le mal autour de moi.

Son unique oeil vert émeraude ne flanchait pas, toujours planté dans le regard de la femme qui lui avait tant manqué. Ayden était sûr de lui. Mais il n'avait pas le courage de se tuer lui-même. Il voulait mourir au combat. C'était pour ça l'alcool, la drogue, pour être sûr que lorsqu'une bataille éclaterait, il ne serait pas en état de se battre, et il n'en réchapperait pas.

Il n'en pouvait plus d'entendre toute ces voix, tout ces cris, dans les flammes. La ville réduite en cendres par sa faute. Chaque soir avant de s'endormir, chaque visage repassait devant ses paupières closes.

- S'il-te-plaît, implora-t-il.

C'était comme si une digue avait lâché. Trop d'émotions, sûrement. Ayden n'arrivait plus à se retenir. Il tremblait de tout son corps. Il voulait s'enfuir, disparaître de ce regard qui lui faisait se sentir aussi mal. Il voulait retourner chez K.A.G.E.N, il aurait voulu qu'ils arrivent à supprimer ses émotions comme ils avaient voulu le faire, il s'en voulait d'être un agent aussi pathétique, il voulait...

Il voulait que Aya lui pardonne.

Alors, lentement, il s'approcha d'elle, passa sa main aux doigts fins sur son visage, écartant ses mèches de cheveux, dans un geste de tendresse qu'il n'aurait certainement plus jamais, et souffla, comme un écho à ses paroles précédentes :

- Me pardonnera-tu un jour ?

Un frisson parcouru son corps. Il savait très bien qu'il ne devait pas se relâcher comme ça, mais il ne contrôlait plus rien. Doucement, sa main redescendit et laissa la joue d'Aya pour retomber mollement sur le flanc du jeune homme, tandis que sa tête, lourde, vint se nicher sur l'épaule de la jeune femme.

Les yeux fermés, il respira son odeur qui lui avait tant manqué.

Il avait pensé qu'elle le rejetterais. Jamais il n'aurait pu imaginer sentir à nouveau ses lèvres sur les siennes. Et pourtant, même après cinq ans, il n'avait toujours pas oublié le goût de sa compagne. Quand elle se détacha de lui, il ne savait pas s'il devait se sentir soulagé ou triste.

- Aya, commença-t-il.

Puis, il se rapprocha d'elle et l'embrassa à son tour, incapable de résister. C'était comme une chaleur qui remontait dans son corps, dans son âme, faisant vibrer chacun de ses atomes. Jamais il n'avait ressenti ça, même avec Keith. Et ça lui faisait un peu peur.

Il se détacha un peu, scrutant son regard. Il était totalement chamboulé. Il aurait voulu ne jamais rien ressentir. Il aurait voulu que ce que K.A.G.E.N. lui avait fait marche. Il aurait voulu -

- Aya, reprit-il. Tu sais que...

Il prit une inspiration douloureuse. Il n'aimait pas ce qu'il allait dire.

- Ca... Nous...

Il baissa les yeux. Il n'en était pas capable.

- Tu m'as manqué.

Ce n'était pas ce qu'il avait voulu dire, mais c'était toujours mieux. Sauf que maintenant, rien ne pouvait plus arrêter la tornade de sentiments qui se déchaînait dans son coeur. Il posa sa tête dans le cou de la jeune femme, inspirant son odeur comme une drogue.

- Et j'avais peur, tellement peur ! J'ai... j'ai cru que tu étais morte. Et je crois que j'étais un peu mort, aussi.

Mais qu'est-ce qui lui prenait ? Il se mordit la lèvre. Il fallait qu'il rentre. Qu'il s'en aille. Qu'il s'échappe. Il fit trois pas en arrière.

- Je ne voulais pas... oublie ce que j'ai dis, d'accord ?

La douleur dans sa voix était bien trop perceptible à son goût.

Il était profondément ému par Aya, plus qu'il ne l'avait jamais été pour personne. Mais au fond de lui, il savait que ce n'était pas possible, eux deux. Il le savait. Aya était intelligente. Elle n'allait pas tarder à découvrir ce qu'il avait fait. Elle n'allait pas tarder à le haïr aussi profondément qu'il se haïssait lui-même.

- Aya, chuchota-t-il.

Il la serrait fort dans ses bras, respirait son odeur.

- Aya, j'ai quelque chose d'important à te dire.

Il savait qu'il signait son arrêt de mort, mais ça lui importait peu.

- Il faut que tu sauves les citoyens de cette ville, Aya. Il faut que tu les aides. Moi, je ne peux rien faire. Ils me tiennent. Ils ne me laisseront jamais partir. Tu es la seule à pouvoir faire quelque chose...

Il prit une inspiration, les yeux fermés, une douleur atroce dans la gorge.

- K.A.G.E.N... Ils ne sont pas bons. C'est... Il faut tu trouves un moyen de les dénoncer. De prouver ce qu'ils ont fait.

Il rouvrit les yeux, et plongea son regard dans le sien, remplit de douleur.

- Seulement après ça... Après ça, je pourrais être auprès de toi. A jamais, je te le jure.

Si tu ne m'as pas tué avant, pensa-t-il amèrement. Il se pencha un peu et déposa un baiser sur les lèvres d'Aya avant de se détourner. C'était le dernier baiser du condamné. Il caressa une dernière fois sa joue avant de se retourner, de partir dans les ombres. Il n'y avait rien de plus qu'il puisse faire. Il avait du mal à respirer.

Il lui jeta un dernier regard, tout en murmurant, si bas qu'elle ne pourrait normalement pas l'entendre :

- Je t'aime, Aya.

Il fit un pas de plus loin d'elle.

Il ne pouvait pas dire non. Il ne le pouvait pas.

- Juste... Juste cette nuit, alors. Et... Et demain matin...

C'était dur à dire. Ca lui restait en travers de la gorge.

- Demain matin, on devra se détester à nouveau.

Il caressa la joue d'Aya avec tendresse, puis déposa un baiser de plus sur ses lèvres. Oui, juste pour cette nuit, il se laisserait aller.

- Je... Je te suis alors.

Il ferma les yeux, laissant Aya le guider.

Leurs corps se détachèrent et il se sentit incroyablement vulnérable. Il suivit Aya, comme un drogué en manque de sa drogue, la voyant s'éloigner. Il ferma ses yeux quand ils pénétrèrent dans l'appartement.

- Je veux bien, dit-il finalement en fixant son regard vert sur la jeune femme.

Il jeta un regard autour de lui, bien décidé à garder jalousement tout les détails de cette soirée en mémoire. Il savait que c'était la première mais aussi la dernière fois que lui et Aya pouvaient se voir sans aucun grief. Dès que le Soleil se lèverait le lendemain matin, cette soirée n'aurait jamais existé.

Il s'assit sur le canapé, sans trop parler ni bouger, juste observateur, avide d'informations.

L'état dans lequel il se trouvait était si apathique qu'il n'arriva même pas à rétorquer quoi que ce soit à la jeune femme. Il se contentait de la regarder, appréciant chaque couleur qu'il observait, sentant son odeur. Il vit ses longs cheveux noirs aux reflets roses - drôle de coïncidence, qu'ils se retrouvent tout les deux des années après, avec quasiment la même couleur de cheveux, non ?

Il se laissa aller, caressa du bout des doigts les bras de la jeune femme, quand, tout à coup, elle s'éloigna. Cette sensation de vide, de manque, fut si intense qu'il se jeta quasiment sur elle pour la rattraper et la serrer fort dans ses bras.

- Ne me laisses pas tout seul... Fut la seule chose qu'il fut capable de murmurer avant qu'elle ne l'entraîne avec lui dans la salle de bain.

Elle était déjà quasiment nue, et ce fut seulement à ce moment là qu'il s'en rendit compte.

- Aya, grogna-t-il, presque animal.

Il sentait quelque chose en lui qui palpitait. Boum, boum, boum. Son coeur battait plus vite qu'à l'accoutumée. Il envoyait à son cerveau certaines information qui lui faisait produire des hormones, et, tout à coup, l'odeur de la testostérone envahit la pièce, sans même que le jeune homme n'ait pu faire quoi que ce soit pour empêcher ses glandes hormonales de la produire.

Sans attendre une seconde de plus, il se débarrassa de son haut, dévoilant son corps mince mais suffisamment musclé pour faire ressortir légèrement ses abdominaux. Mais aussi tout ce qui allait avec : ses nombreuses cicatrices, son tatouage honni sur sa hanche gauche, et l'énorme cicatrice qui barrait désormais son dos. En quelques secondes à peine, il avait laissé tomber pantalon et bottes, et les deux jeunes gens n'étaient tout les deux plus qu'en sous vêtements.

Cette situation était si rocambolesque, si inattendue, qu'Ayden commença à se sentir légèrement embrumé. Comme si le monde autour de lui était flou. Il attrapa tant bien que mal le rebord de l'évier, pour se redonner contenance et chasser cette sensation désagréable, pour reprendre pieds.

Puis, alors, il regarda Aya droit dans les yeux, une bouffée de sensation étranges lui montant dans le coeur. Il se sentait comme sondé par les yeux de la jeune femme. Instinctivement, il porta sa main sur son bandeau en cuir, hésitant. Ce n'était pas la première fois qu'Aya le voyait sans, mais cette fois, c'était différent. Et il ne savait pas vraiment si il avait envie de montrer l'une des parties de son corps qu'il haïssait le plus. Il ne savait pas s'il était prêt à se montrer entièrement nu, à l'extérieur comme à l'intérieur, à sa partenaire.

Ayden ne savait plus rien.